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Claude RÉTAT

Affiliation : Directrice de recherche au CNRS, affectée dans l’UMR 8547, membre de l’ED 540 (PSL)

Équipe : Transferts culturels

Champs de recherche :

  • Littérature et corpus textuels de la deuxième moitié du XVIIIe à la fin du XIXe siècle
  • Corpus textuels de l’interprétation des religions, ca 1760 – 1914 (grands systèmes interprétatifs Charles-François Dupuis et alii ; littérature maçonnique)
  • Secondes lumières et premier romantisme ; plein romantisme (Hugo, Michelet…) ; romantisme et fin de siècle
  • Littérature / histoire/ politique : littératures des socialismes et de l’anarchisme, XIXe s.
  • Littérature et savoirs
  • Littérature et histoire
  • Édition critique (corpus inédits, corpus manuscrits) : pratiques et problématiques
  • Corpus Louise Michel : mise au jour des inédits, édition critique, contextualisation, analyse, problématiques connexes

Présentation de la recherche

Mon cheminement de chercheuse a commencé par une thèse de doctorat sur Victor Hugo et des travaux sur le romantisme (Michelet, Sand, Ballanche…) où j’ai questionné la manière dont s’articulaient la littérature, la forme poétique et la réinvention du religieux qui est au centre de la vision du monde postrévolutionnaire et romantique.

À partir de ces travaux je me suis intéressée au bouillonnement littéraire et idéologique des secondes Lumières et du premier romantisme, et me suis consacrée aux grandes sommes interprétatives qui marquent les années 1760 et suivantes : en particulier l’Origine de tous les cultes ou Religion universelle (1795) de Charles-François Dupuis (1742-1809) et ses entours historiques et littéraires. Professeur de belles-lettres, féru de poésie antique et de rhétorique latine, astronome amateur et protégé de Jérôme de Lalande, Dupuis était un savant connu dès la fin de l’Ancien Régime : il eut à partir de la Convention un retentissement considérable, international et durable (jusqu’au milieu du XXe siècle) dont nous avons peu idée aujourd’hui. J’ai trouvé en lui un observatoire exceptionnel pour traquer l’histoire de l’interprétation et du comparatisme, le discours sur les religions, l’écriture de l’histoire antique, de la mythologie et de la littérature, l’articulation de la science et des belles-lettres, le foisonnement des créativités néo-religieuses dans la période post-révolutionnaire, l’histoire de la libre-pensée, ou encore des aspects majeurs de la pensée et des écrits maçonniques au XIXe siècle (tous ceux qui se focalisent sur les cultes à mystères antiques). Ainsi les manuscrits maçonniques d’Alexandre Lenoir (1761-1839, le fondateur du musée des Monuments français sous la Révolution), sur lesquels j’ai travaillé, font apparaître un disciple fervent de Charles-François Dupuis : à travers lui j’ai pu suivre la manière dont l’interprétation des mythes et des religions changeait de champ d’application, se déplaçant d’une herméneutique des textes (écrits antiques, textes sacrés…) à une herméneutique des monuments et des œuvres d’art, au moment où l’archéologie cherche à se constituer (Lenoir et Aubin-Louis Millin sont frères en franc-maçonnerie). Interprétation des religions, interprétation des textes, interprétation des monuments et des œuvres : autour de la Révolution française, dans la période extrêmement riche de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, c’est tout un nœud intellectuel, savant, artistique et littéraire, à la fois serré et arborescent, qui a constitué mon objet.

Mes travaux de départ sur le romantisme (Hugo, Michelet, Sand…) m’ont conduite, en aval, à la redécouverte d’une figure apparemment archiconnue, Louise Michel (1830-1905) — étrangement méconnue pourtant. Méconnue dans sa dimension de femme de lettres et d’écrivaine, dans son ambition intellectuelle (être une femme de « pensée »), artistique (être « artiste en révolution »), linguistique (collecter les langues et s’acheminer vers un nouveau langage), scientifique (écrire une « encyclopédie » nouvelle).
Ma recherche s’est développée dans plusieurs directions, à la fois autour du corpus de ses œuvres (dont des pans majeurs étaient restés inédits) et des corpus socialistes/anarchistes de la fin du XIXe siècle :

— l’édition scientifique des inédits de Louise Michel (un roman entier par exemple, qui avait disparu des radars depuis 1891 et était même inconnu des bibliographies : La Chasse aux loups, ou un volume entier de mémoires, que l’on croyait inexistant ou disparu, etc.) mais aussi des œuvres canoniques (La Commune, les Mémoires de 1886, etc.) renouvelées par l’édition critique et par la découverte des inédits connexes ;

— des essais pour donner accès à cet univers complexe d’une femme révolutionnaire-écrivaine, pour contextualiser l’ensemble de son œuvre, réévaluer les rapports de la littérature, de la politique et du militantisme, revoir ainsi les contours de l’histoire littéraire et de l’histoire tout court à la fin du XIXe siècle et à l’orée du XXe (Art vaincra ! – voir bibliographie). Mais aussi pour montrer, pris sur le vif de l’action politique et judiciaire, un collectif anarchiste, sa gestion de la parole et du geste, de la poésie et de la rhétorique, dans ses multiples déclinaisons (L’Anarchie au prétoire).

Chercheuse en sciences humaines et en littérature j’ai pour conviction que la recherche littéraire peut et doit amener du nouveau dans les connaissances. Le passé n’est ni clos ni conclu ni classé une fois pour toutes, et l’on sait que l’on ne sait pas tout. La traque et la découverte des inédits, leur analyse, la mise en valeur scientifique et la publication, remodèlent en permanence les lignes et les horizons du sens.

Choix de publications

Ouvrages publiés :

  • Claude Rétat, L’Anarchie au prétoire – Vienne, 1er mai 1890, Une insurrection et ses juges, Essai, Saint-Pourçain-sur-Sioule, Bleu autour, 2022, 392 p.
  • Louise Michel, Mémoires, 1886, édition établie, présentée et annotée par Claude Rétat, Paris, Gallimard, « Folio », mars 2021, 576 p.
  • Art vaincra! Louise Michel, l’artiste en révolution et le dégoût du politique, Essai, Saint-Pourçain-sur-Sioule, Bleu autour, 2019, 272 p.
  • La Révolution en contant, Histoires, contes et légendes de Louise Michel, édition et présentation par Claude Rétat, Saint-Pourçain-sur-Sioule, Bleu autour, 2019, 560 p.
Ce volume contient : Les Crimes de l’époque ; Le Livre du Jour de l’An (Contes et légendes) ; Légendes et chants de gestes canaques ; Légendes et tombeaux ; Le Gars Yvon, légende bretonne ; Légendes en vers ; Une fête de Catilina ; Textes de jeunesse…
  • Jules Michelet, Histoire de la Révolution française, tome VI, édition et présentation en collaboration avec Hervé Leuwers et Paule Petitier, dans Jules Michelet, Histoire de la Révolution française, éd. sous la dir. de Paule Petitier, Paris, Gallimard, “La Pléiade”, 2019.
  • Louise Michel, Prise de possession, nouvelle édition établie, annotée et présentée par Claude Rétat, Paris, L’Herne, 2017, 77 p.
  • Louise Michel, La Chasse aux loups, édition critique par Claude Rétat, Paris, Classiques Garnier, 2015, 358 p. Réédition 2018, Paris, Classiques Garnier, collection « Classiques jaunes ».
  • Louise Michel, À travers la mort, Mémoires inédits, 1886-1890, édition critique par Claude Rétat, Paris, La Découverte, 2015, 352 p., rééd. 2021, 394 p.
  • Louise Michel, La Commune, nouvelle édition par Éric Fournier et Claude Rétat, Paris, La Découverte, 2015 (rééd. régulières), 476 p.
  • Barbey d’Aurevilly, Femmes et moralistes, introduction, notice, établissement du texte et variantes, dans Barbey d’Aurevilly, Œuvre critique, VI, Les Œuvres et les Hommes, Pierre Glaudes et Catherine Mayaux dir., Paris, Les Belles-Lettres, 2014, p. 3-217.
  • Louise Michel, Trois romans, Les Microbes humains, Le Monde nouveau, Le Claque-dents, édition, présentation et annotation par Claude Rétat et Stéphane Zékian, Lyon, PUL, 2013, 631 p.
  • François Henri Stanislas Delaulnaye, Thuileur de l’Écossisme (1821), édition critique, avec présentation et documents inédits, par Claude Rétat, Paris, Dervy,
  • Alexandre Lenoir, La Franche-Maçonnerie rendue à sa véritable origine ou l’antiquité de la Franche-Maçonnerie prouvée par l’explication des mystères anciens et modernes (1814), préface et dossier de documents par Claude Rétat, Paris, Gutenberg Reprint, 2007.
  • Hugo, « La Légende des siècles » de 1859, Paris, SEDES, 2001, 192 p.
  • X, ou le divin dans la poésie de Victor Hugo à partir de l’exil, Paris, CNRS Éditions, 1999, 222 p.