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Sophie GALABRU

Affiliation : Académie de Versailles

Équipe : Archives Husserl

Champs de recherche : Phénoménologie, Philosophie contemporaine, question de la temporalité, question de la narration, questions éthiques et politiques, Levinas, Husserl, Heidegger, Bergson, Lavelle, Ricoeur

Présentation de la recherche

Si la philosophie d’Emmanuel Levinas fut souvent présentée comme une philosophie de l’éthique, et fut identifiée à des notions telles que le visage, autrui ou la responsabilité, cette thèse vise à démontrer que ces notions se comprennent à partir d’un primat accordé au temps, voire d’une métaphysique de la temporalité. Il s’agira d’établir que la philosophie lévinassienne inaugure une nouvelle philosophie du temps que nous pouvons qualifier de « discontinuiste », s’opposant aux pensées de la continuité comme la philosophie bergsonienne de la durée et husserlienne du flux. La constitution de la subjectivité par émergence et distinction d’avec l’existence atemporelle, encore nommée « l’il y a », son rapport au monde comme sa rencontre avec autrui ne se comprennent qu’à l’aune de leur temporalisation. Toutefois, cette structuration temporelle du sujet et de l’altérité invite à dégager différents types de temporalité et à spécifier l’essentielle dialectique entre le temps et l’autre.

Présentation de la recherche actuelle :

Aujourd’hui, ma recherche se trouve portée vers trois axes :

Un premier axe qui vise à analyser la façon dont la philosophie occidentale a rejeté l’implication du temps dans la recherche et la vérité pour réhabiliter l’importance de l’historicité et de la narration. La philosophie se joue soit dans la recherche volontaire et immotivée du vrai, poursuivant alors un idéal du concept éternel et de son exposé argumenté, soit dans une généalogie du sens, plus prompte à accueillir la violence du sensible et du devenir, tout en favorisant le mode narratif. Le récit semble particulièrement convenir à une conception historisante de la vérité comme à des objets temporels et singuliers.

Un deuxième axe de recherche explore l’usage de la littérature dans la réflexion éthique et politique, dans la mesure où la littérature (à travers la forme romanesque) favorise une imagination morale et notre sensibilisation aux situations éthiques les plus diverses. La littérature peut être considérée comme un outil stimulant l’imagination éthique, sociale et politique. Une étude de la responsabilité éthique peut notamment conduire à aborder les critiques possibles de cet usage : la rencontre avec autrui peut-elle légitimement être soumise aux formes totalisantes du récit sans altérer l’altérité d’autrui ? Il s’agit de défendre la possibilité d’une narrativité éthique qui permet à la fois de témoigner du trouble de la rencontre et d’offrir la possibilité de se rédimer face à la violence des injonctions éthiques et sociales.

Dans un troisième axe, j’entends approfondir l’intelligence propre à la narration littéraire et romanesque. Le roman constitue non seulement une propédeutique à la philosophie mais il atteste, par sa forme, d’un positionnement philosophique : capable de mobiliser des « émotions épistémologiques », il est une manière singulière d’analyser des discours, des représentations, des comportements et des illusions sociales et individuelles.

Mots clé : Levinas, temps, récit, narration, éthique, politique

Choix de publications

Articles

  • « Le temps déformalisé : Emmanuel Levinas, lecteur de L’Étoile de la Rédemption », in Rosenzweig en dialogue, (dir. ouvrage E. Durand et V. Blanchet), Paris, Vrin, [à paraître en 2025].
  • « La difficile sagesse du politique, considérations lévinassiennes », in Levinas – Sabedoria para o Amanhã, Revista Ética e Filosofia Política, vol 1, n°25, novembre 2022.
  • « Narrative Identity and Menlancholia », in Revue B@belonline, N°7, Rome, Roma 3 press, novembre 2021.
  • « Les usages éthiques du récit littéraire », in Le Philosophoire, 2021 (1), n°55, Paris, Vrin, avril 2021.
  • « From human to cosmological play: is the unreality of play an epoché? » in The Play of Being: New Perspectives on Eugen Fink’s Phenomenological Project (dir. I. Apostolescu), Brill, Studies in Existentialism, Hermeneutics and Phenomenology, 2020.
  • « Les Recherches phénoménologiques de Renaud Barbaras » in Le Philosophoire, « Le langage », Paris, Vrin, novembre 2019.
  • « Paul Ricœur et Emmanuel Levinas : narration, mémoire et vulnérabilité. Peut-on raconter la vulnérabilité ? » in Revue Études Ricoeuriennes, Volume n°10, n°1, septembre 2019.
  • « La naissance du sujet chez Louis Lavelle et Emmanuel Levinas » in Philonsorbonne, n°12, mars 2018.
  • « Penser l’éternité avec Emmanuel Levinas » in La sœur de l’ange, n°15, Revue semestrielle de philosophie et de littérature sous la direction de Michel Host et Jean-Luc Moreau, publiée aux Éditions Hermann, juillet 2016.
  • « Contre la philosophie du neutre. Réflexions à partir de la philosophie d’Emmanuel Levinas » in Implications philosophiques (dossier « Le neutre »), 2015.

Livre

  • Le temps à l’œuvre. Sur la philosophie d’Emmanuel Levinas, Hermann, 2020, Paris.

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