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Manon GILLE

CURRICULUM VITAE

Affiliation : ENS PSL, ED 540, laboratoire Pays germaniques

Équipe : Transferts culturels

Champs de recherche : philosophie de l’art et des techniques, histoire de l’art et des techniques

Présentation de la recherche

A la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, dans les représentations graphiques en art et en ingénierie, les dessinateurs cessent d’employer l’illusion perspective et privilégient la rigueur des deux dimensions. Si la troisième dimension permettait, en perspective linéaire, de relier l’espace et l’objet dans une même représentation, qu’en est-il alors des rapports entre l’espace et l’objet dans l’imagerie scientifique pourtant extrêmement féconde du XIXe siècle ? La propriété tridimensionnelle semble bien se décrocher de l’objet à mesure que celui-ci perd le fond homogène et isotrope qui lui servait de contenant. Elle devient alors une convention arbitraire, donnant lieu à plusieurs débats techniques, artistiques et philosophiques sur ce que doivent être l’apparence graphique et le rôle de la troisième dimension. Ces débats sont hantés par une autre forme d’illusion, non plus celle de la perspective linéaire, mais celle des figures ambiguës ou concavexes. Or, à la différence de l’illusion propre à la perspective linéaire qui accordait tridimensionnalité spatiale (propriété de l’objet dans l’espace) et tridimensionnalité perceptive (projection visuelle) l’illusion concavexe les désaxe. Elle permet d’extraire le minimum qui, dans une image, provoque l’illusion de la troisième dimension. En d’autres termes, il n’est alors plus question des trois dimensions d’un objet ou de l’espace, soit de l’appréhension commune des trois axes des choses, mais des variations de la troisième dimension, comme si elle était indépendante des deux autres et pouvait en être extraite. Ainsi, les figures ambiguës sont une sorte de banque d’indices tridimensionnels destinés à provoquer l’effet du volume là où, a priori, celui-ci n’est pas censé exister. Dès lors, quels sont les usages graphiques de l’indice tridimensionnel au XIXe siècle ? Est-ce que l’indice tridimensionnel est employé de manière rétrospective ? Nous entendons par là qu’il guiderait, en mobilisant le lien classique qui relie l’espace et l’objet, la perception d’objets qui se complexifient de plus en plus. Ou bien est-il prospectif, au sens où il construirait un nouveau rapport espace/objet de manière à instituer une perception propre aux objets et à l’espace du XIXe siècle ? Enfin, comme les corps humains sont eux-mêmes tridimensionnels et font conséquemment aussi partie du rapport objet/espace, on peut se demander si la manière de représenter la tridimensionnalité des objets détermine aussi les rapports entre le corps et l’espace.

Mots clé : 3e dimension, dessins techniques au XIXe siècle, projection isométrique