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Claudia TERRA

Affiliation : École normale supérieure/PSL – Università di Trento

Équipe : Archives Husserl

Champs de recherche : Philosophie politique contemporaine, philosophie de l’histoire, anthropologie politique

Présentation de la recherche

Ma recherche doctorale vise à éclairer l’idée de démocratie et de modernité chez Claude Lefort. Bien que son œuvre ait été l’objet de nombreuses études, les sources de sa pensée et la complexité de son idée d’histoire et de social sont loin d’être pleinement comprises. Nous voudrions retracer ce que nous proposons d’appeler « l’histoire philosophique de la modernité » chez Lefort grâce à un travail sur ses sources de pensée. L’idée c’est que on arrivera pas à comprendre la démocratie en tant que désincorporation et comme institution d’un lieu vide du pouvoir sans sonder son « passé ». Autrement dit, la radicalité de l’institution démocratique comme rupture avec le théologico-politique se comprend par contraste avec la forme sociale de laquelle, néanmoins, elle provient.

Notre recherche s’attarde sur ce passé, c’est-à-dire sur la « forme théologico-politique » tel que Lefort la conçoit à partir des années ’70 et d’après la réflexion de Ernst Kantorowicz sur Les deux corps du roi. Un autre moment de l’histoire de la démocratie auquel nous prêtons une attention privilégiée est la Révolution française, qui institue une rupture ambiguë avec le théologico-politique, tout en ouvrant, néanmoins, vers le lieu vide du pouvoir. A cet égard, nous nous concentrerons sur la lecture lefortienne de Jules Michelet et d’Edgar Quinet. Une hypothèse centrale c’est que cette histoire philosophique soit non téléologiquement orientée. Nous voudrions montrer le sens « vacillant » de l’histoire de la démocratie chez Lefort en nous appuyant sur l’idée merleau-pontienne d’histoire. Ce dernier, en particulier dans le cours au Collège de France de ’53-54 Matériaux pour une théorie de l’histoire avait parlé d’une histoire entendue comme recherche d’une logique dans la contingence, étant donné qu’il n’y a pas histoire « si le cours des choses est une série d’épisodes sans lien, ou s’il est un combat déjà gagné dans le ciel des idées ».

Notre travail rencontre et croise des enjeux que nous voudrions développer dans des recherches futures. Nos préoccupations principales portent d’une part sur la remise en question de l’idée d’histoire à l’aune de la réflexion merleau-pontienne (et ses sources, notamment celle wébérienne) et à la lumière des questions anthropologiques (Lévi-Strauss, Pierre Clastres) et de l’Anthropocène. La question serait ainsi de savoir si et quel type de philosophie de l’histoire est possible aujourd’hui. D’autre part, nous voudrions continuer à interroger les aventures de la démocratie à la lumière de sa crise (qui paraît d’ailleurs constitutive à sa forme sociale), des virages populistes autoritaires, et de l’ébranlement écologique et social en cours.

Mots clé : démocratie, modernité, philosophie de l’histoire, Claude Lefort, Merleau-Ponty, Pierre Clastres

Choix de publications

  • L’enigma della modernità. Claude Lefort lettore di Ernst Kantorowicz e Jules Michelet, in «Storia del pensiero politico», 2/2023 [à paraître]
  • La breccia del sociale, la storia, l’evento: Le travail de l’œuvre di Claude Lefort, in Almanacco di filosofia e politica 4, Macerata, Quodlibet, 2022, pp. 247-260.