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Actualité de la recherche phénoménologique • 2022-23

Séminaire « Actualité de la recherche phénoménologique »

Organisation

  • Julien Farges
  • Laurent Perreau
  • Dominique Pradelle

Programme

  • Vendredi 14 octobre 2022, de 17h à 19h, au 45 rue d’Ulm, Salle des Actes :

Inga RÖMER (Univ. Grenoble-Alpes) – Autour de son ouvrage Temps – éthique – métaphysique. Études phénoménologiques et herméneutiques (Dixmont, Mémoires des Annales de phénoménologie, 2022)

Le temps, l’éthique, la métaphysique sont les trois thèmes qui guident les quatorze études réunies dans cet ouvrage. L’autrice met au jour un certain lien entre ces trois approches : les limites de la pensée du temps ouvrent vers des problèmes éthiques, le sens de l’éthique conduit à des questionnements soulevés par la métaphysique. Ces études suivent la méthode phénoménologique en tant qu’elle implique un tournant herméneutico-critique : si la visée de la « chose même » ne veut pas rester naïve et enfermée dans un cadre de pensée relevant des préjugés de notre époque, elle doit confronter l’expérience actuelle à des figures de pensée qui nous ont été transmises par la tradition. La philosophie critique de Kant est la figure de pensée centrale de l’ouvrage, à même de mettre à l’épreuve et d’approfondir l’analyse phénoménologique. L’autrice introduit l’idée d’une philosophie pratique aux limites de la philosophie théorique, qui est ancrée dans une pensée originale du temps, ainsi qu’une acception originale de la métaphysique qui s’appuie sur la philosophie pratique. Autant de figures de pensées héritées de la philosophie kantienne à repenser au sein du mouvement de la phénoménologie, notamment chez Husserl, le premier Heidegger, Ricœur, Levinas et Derrida.

  • Vendredi 18 novembre 2022, de 17h à 19h, au 45 rue d’Ulm, Salle des Actes :

Emmanuel de SAINT AUBERT (Archives Husserl de Paris) – Autour de son ouvrage Être et chair II – L’épreuve perceptive de l’être : avancées ultimes de la phénoménologie de Merleau-Ponty (Paris, Vrin, 2021)

Après le geste d’habilitation ontologique du corps et du désir examiné dans Être et chair I, ce second volet explore le mouvement complémentaire de l’ontologie de Merleau- Ponty, qui tente de dessiner l’être tel qu’il apparaît à la chair dans l’épreuve qu’elle en fait. Une épreuve inaugurée dès notre ouverture corporelle au monde, dans cet acte fondamental qu’est la perception, dont l’analyse entend échapper aux impasses du réalisme et de l’idéalisme. Trois groupes de concepts privilégiés sont ici à l’œuvre, étroitement articulés à l’étude de la vie perceptive : liberté, expression et naissance ; imaginaire, réel et ultra-choses ; prégnance, inconscient et métaphoricité. Tourné vers les derniers écrits en partie inédits, plus que jamais habités par le dialogue avec Descartes et avec Sartre, Être et chair II restitue ainsi la dramaturgie merleau-pontienne des rapports entre la chair et l’être, horizon d’une phénoménologie du corps aux prises avec l’indétermination qui borde et déborde le monde et nous porte ensemble avec lui.

  • Vendredi 27 janvier 2023, de 17h à 19h, au 45 rue d’Ulm, Salle des Actes :

Camille RIQUIER (Institut Catholique de Paris) – Autour de son ouvrage Métamorphoses de Descartes. Le secret de Sartre (Paris, Gallimard, 2022)

Descartes ou la philosophie française : le caractère fondateur qui a été reconnu de droit à Descartes au regard de toute la philosophie moderne a masqué l’importance toute particulière que les penseurs français lui ont toujours accordée, de fait, dans leur propre édification intellectuelle. Descartes fournit en France moins les idées que la trame qui a servi à les ordonner — ce qui n’est le cas d’aucun philosophe ailleurs. Sartre, toute sa vie durant, fut tenu par le projet de construire une morale. Par la suite, il ne s’est jamais lassé de conclure : « Et j’ai toujours échoué. » Conscient de cet échec où son projet de métaphysique l’a mené, il reconduit les motifs qu’il avait de l’écrire à son enfance : « Ma seule affaire était de me sauver. » Il avait cru être au monde ; il a vécu dans l’imaginaire. Il avait bâti tout une œuvre afin de s’y mettre tout entier. Or ce Moi immortalisé, celui auquel il aspirait, c’était secrètement Descartes, médiateur caché dans la pénombre mais qui lui avait tracé un chemin pour le rejoindre. Sartre ne l’a pas dit. Néanmoins il savait qu’il était en train de récrire les Méditations métaphysiques de Descartes. C’était son secret et le propre du secret est d’appartenir à ce qui relève en chacun non pas de l’inconscient mais de ce « fonds sombre qui refuse d’être dit » — le vécu.

  • Vendredi 24 février 2023, de 17h à 19h, au 45 rue d’Ulm, Salle des Actes :

Philippe CABESTAN – Autour de son ouvrage Tomber malade, devenir fou. Essai de phénoménologie existentielle (Paris, Vrin, 2021)

Quand il est question de troubles psychopathologiques, la scène médiatique est désormais accaparée par les neurosciences dont les nombreux succès éclipsent progressivement une psychanalyse sur le déclin. Il est possible naturellement de s’en réjouir mais aussi de s’en inquiéter. Inspirée de la phénoménologie existentielle, une autre approche est toutefois possible, qui a le mérite insigne de ne pas faire abstraction de l’être de l’homme malade. La folie est alors envisagée comme une possibilité authentiquement humaine sans laquelle, comme l’écrivent Ludwig Binswanger aussi bien que Henri Maldiney, l’homme ne serait pas ce qu’il est. Comprendre la folie requiert dans ces conditions une autre anthropologie dont les éléments permettent de montrer de quelle manière l’homme peut tomber malade et devenir fou.

  • Vendredi 24 mars 2023, de 17h à 19h, au 45 rue d’Ulm, Salle des Actes :

Pierre-Jean RENAUDIE (Univ. Lyon 3) et Claude Vishnu SPAAK (Sorbonne Université Abu Dhabi) – Autour de leur ouvrage Phénoménologies de la matière (Paris, CNRS Éditions, 2021)

La phénoménologie est née d’une interrogation critique sur la notion de « phénomène » et d’un effort pour recentrer l’analyse philosophique sur la description des formes d’apparaître de ces phénomènes. Tout questionnement relatif au statut ontologique de la matière semblait par conséquent mis de côté. Or, contre toute attente, la question de la matière a occupé une place très importante au sein de cette tradition philosophique, moins peut-être comme thème directeur que comme problème autour duquel elle s’est structurée et diversifiée. En dépit des divergences qui opposent les perspectives de Husserl et de Heidegger, de Scheler, Patočka, Sartre, Levinas ou Henry, la matière s’est imposée à chaque fois comme pierre de touche de la phénoménologie et de ses prétentions descriptives, lui imposant de ne pas arracher la description des vécus aux conditions concrètes et matérielles d’effectuation de l’expérience. Le statut équivoque de la matière en fait ainsi le lieu privilégié d’une analyse des tensions constitutives de la méthode et de l’objet de la phénoménologie. Les contributions réunies dans ce volume, soucieuses de restituer la complexité des différents niveaux d’implication de la notion de matière, la prennent comme fil conducteur d’une relecture critique des moments essentiels de la pensée phénoménologique.

  • Vendredi 26 mai 2023, de 17h à 19h, au 45 rue d’Ulm, Salle Cavaillès :

Stefano MICALI (Katholieke Universiteit Leuven) – Autour de son ouvrage ouvrage Phenomenology of Anxiety (Springer, 2022)

Quand l’angoisse est-elle justifiée? Quand l’angoisse cesse-t-elle de fonctionner comme un signal efficace et raisonnable de prévention des menaces imminentes, et quand devient-elle une projection envahissante de nos propres fantômes ? Au cours de cette conférence, Stefano Micali exposera quelques-unes des principales thèses de son livre Phénoménologie de l’angoisse. Se fondant sur la méthode que l’on appelle « polyphonie phénoménologique », l’ouvrage explore de nouvelles perspectives sur la relation complexe entre l’angoisse, la peur et le traumatisme en se référant à différentes disciplines, de l’histoire de l’art à l’anthropologie culturelle, de la psychopathologie à la théologie, de la littérature à la philosophie politique. De plus, ce volume explore la pertinence de l’angoisse dans le contexte de l’anthropologie philosophique. Dans divers cadres théoriques, la différence entre l’angoisse et la peur sert de critère pour distinguer les êtres humains des animaux en particulier. Par conséquent, la recherche sur l’angoisse est cruciale pour définir la condition humaine en tant que telle. Dans cette conférence, Stefano Micali analysera cinq traits essentiels de l’angoisse du point de vue phénoménologique : 1) son anticipation imaginative quasi-intentionnelle ; 2) son inspiration négative ; 3) la récurrence des manifestations corporelles ; 4) l’interlocution avec une puissance étrangère ; 5) sa téléologie négative.

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