Workshop Erdkunde. La pensée géographique allemande aux XVIIIe et XIXe siècles

PROGRAMME

Organisation : Stefanie Buchenau (UR 1577 Mondes allemands, université Paris 8 Saint-Denis/ CNRS UMR 8547 Pays germaniques/Transferts culturels) et Carlotta Santini (CNRS UMR 8547 Pays germaniques/Transferts culturels)

Date et lieu : 14 décembre 2024, ENS Ulm, salle Beckett, 9h30-17h30

Présentation

Si la géographie entretient des liens forts avec la philosophie depuis sa fondation dans l’Antiquité, les liens entre ces deux disciplines se resserrent au moment de sa constitution comme science systématique et de son institutionnalisation académique entre 1750 et 1900. Ils sont particulièrement tangibles dans l’espace allemand qui semble jouer un rôle clé dans l’essor de la pensée géographique européenne. Kant qui enseigne la géographie physique sa vie durant, voit dans cette discipline une propédeutique à la « connaissance du monde » et à la philosophie. Carl Ritter, l’un des cofondateurs de la Gesellschaft für Erdkunde zu Berlin en 1828, proclame que la géographie, tout comme sa discipline-sœur, l’histoire, serait simplement « contrainte de philosopher ». Dans un contexte politique et colonial qui marque fortement les voyages d’exploration et les traités académiques des géographes, ces derniers débattent de questions qui semblent dépasser les savoirs traditionnels sur l’espace et relever davantage de la philosophie ou des sciences humaines et sociales au sens plus large.

Ces débats géographiques tournent autour des méthodes, des principes de la « géographie générale » (Varenius), de la place de la géographie et des sciences de la Terre au sein du système philosophique, ainsi que de son lien de complémentarité avec des disciplines voisines. Ils portent sur des notions comme l’espace (Raum) ou l’espace vital (Lebensraum), sur les divisions et les limites (Grenzen), sur l’habitat terrestre (Wohnsitz), le paysage (Landschaft), et ils donnent lieu à de vives controverses sur le déterminisme environnemental ou l’autochtonie. Ils s’accompagnent de l’essor de pratiques nouvelles et de la fabrication de nouveaux atlas, offrant un aperçu tant de la géographie physique que du vaste spectre des activités humaines sur terre. Ils dépassent l’espace allemand et donnent lieu à des transferts culturels franco-allemands fascinants, comme en témoigne le cas de Reclus, élève de Ritter.

Tous ces débats seront au centre du présent atelier qui prolongera les perspectives de l’atelier Ökologie de mars dernier. Supposant que les textes présentés, bien que classiques et d’une actualité indéniable, ne sont pas très connus auprès du public français, nous avons adopté un format qui réserve une vraie place à la lecture et à la discussion. Celui-ci permettra à chacun et chacune de se familiariser avec les textes et les supports cartographiques en question.

Parmi les auteurs dont nous lirons de courts extraits de 10 à 15 pages, traduction française à l’appui, pourront figurer : Kant, Forster père ou fils, Humboldt, Ritter, Ratzel, et parmi les auteurs français en prise avec la pensée allemande, Reclus et Vidal de la Blache. Les extraits seront diffusés une dizaine de jours avant le workshop pour donner aux participants l’occasion de les lire en amont. Ils seront présentés par un exposé introductif de 10 à 15 minutes (« Impulsreferat »), qui aura pour but de donner le contexte, de formuler quelques questions et de lancer la discussion. Le programme réservera d’ailleurs quelques créneaux pour les étudiant.e.s et doctorant.e.s souhaitant présenter eux-mêmes ou elles-mêmes des textes. Une table ronde, avec la participation de plusieurs spécialistes (Jean-Marc Besse, Ottmar Ette, Jérôme Gaillardet …), clôturera la journée.

Ce workshop est ouvert aux étudiant.e.s issu.e.s des filières scientifiques (science de la terre, sciences de l’environnement …) et des sciences humaines (études germaniques, lettres, histoire de l’art, philosophie …). La connaissance de l’allemand n’est pas requise.

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