Lectures lévinassiennes : "Visage(s)" Questions métaphysiques, phénoménologiques, anthropologiques et politiques
Organisation : sous la responsabilité de Danielle Cohen-Levinas
Dates : le mardi de 14h à 16h
16, 23, 30 septembre ; 7, 14, 21 octobre ; 4, 18, 25 novembre ; 2, 9, 16 décembre.
Lieu : Salle Pasteur, ENS/ULM, 45 rue d’Ulm Paris 75005
Présentation
Le séminaire « Lectures lévinassiennes » propose cette année, dans la continuité des années précédentes, d’explorer les différentes manières dont Levinas aborde la question du visage. Nous proposons d’approfondir un thème fondateur de la philosophie d’Emmanuel Levinas : le visage. Cette question, pour autant qu’elle structure le rapport à l’extériorité et à l’altérité, permet d’interroger à nouveau frais la tradition philosophique, en particulier phénoménologique. Le visage constitue chez Levinas un point limite, voire le moment névralgique de défection de la phénoménologie elle-même. La relation à autrui n’est ni donnée ni déduite, encore moins est-elle imposée. Autrui n’est ni subordonné à l’être, ni objet de représentation revendiquant son emprise sur l’Autre. Or, pour Levinas, comme nous avons pu l’étudier les années précédentes, l’intentionnalité husserlienne manque autrui comme tel. De même, chez Husserl, c’est l’ego qui donne sens et signification à autrui, alors que chez Levinas, le sens n’est pas donné et la raison n’est pas définie à l’avance. Autrui apparait comme « épiphanie du visage », à savoir comme ce qui précisément ne saurait se réduire à l’ordre de la phénoménalité. Du point de vue philosophique, cela signifie que le visage, qui s’impose à notre subjectivité, est déjà langage, appel, dont la première parole est un impératif éthique, un commandement biblique : « Tu ne tueras pas ». C’est par le visage, exposé à sa pleine vulnérabilité, que Levinas engage une réflexion sur l’énigme de la signifiance, voire sur l’intrigue qui se noue entre la verbalité de l’être et l’expérience sensible, au point que par ce que Levinas nomme visage, c’est toute l’humanité qui est sollicitée, dépassant ainsi l’idée de l’autre en moi.
Le concept de visage chez Levinas n’est pas sans soulever également des question politiques, sans compter la question de l’animal : hormis l’humanité de l’homme, nous verrons si l’animal a également un visage, lequel, et en quels termes peut-on le décrire et peut-on en faire l’expérience ?
Nous étudierons la manière dont Levinas multiplie les approches du visage en conservant une tension, voire une ambivalence entre phénomène et non phénomène, présence dans et de l’être et un au-delà ou un autrement qu’être – dissymétrie et non réciprocité ; socialité et justice.
« Visage, déjà langage avant les mots, langage originel du visage humain dépouillé de la contenance qu’il se donne – ou qu’il suppose – sous les noms propres, les titres, les genres du monde. » (Levinas, Entre nous, 1993, p.233).
Intervenants : Viktoras Bachmetjevas, Stefano Bancalari, Marie-Aude Baronian, Gérard Bensussan, Charles Bobant, Rodolphe Calin, Francesco Paolo Ciglia, Danielle Cohen-Levinas, Vivian Liska, Pierre-Alban Gutkin-Guinfolleau, Panu-Matti Johannes Pöykkö, Perrine Simon-Nahum, Magdalene Thomassen, Raphael Zagury-Orly.
Programme
– 16 septembre : Danielle Cohen-Levinas (Université Paris-Sorbonne) – Introduction au séminaire.
Perrine Simon-Nahum (Directrice de recherche au CNRS, Professeure associée au Département de philosophie de l’ENS-Ulm) – « Visage et animalité »
– 23 septembre : Panu-Matti Johannes Pöykkö (Post Doctorant, Université d’Helsinski) – « Visage et exigences : Levinas et James sur la vie éthique ».
– 30 septembre : Francesco Paolo Ciglia (Université de Chieti) – « Le visage, seuil de la parole. À partir de Levinas »
– 7 octobre : Charles Bobant (Faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris) – « L’effacement. D’après et après Levinas ».
– 14 octobre : Viktoras Bachmetjevas (Professeur à l’Université Vytautas Magnus à Kaunas, Lituanie) – « L’éthique chez Kierkegaard et Levinas. Réflexions croisées ».
– 21 octobre : Raphaël Zagury-Orly (Faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris) et Marie-Aude Baronian (Université d’Amsterdam – « Altérités de l’art ».
– 4 novembre : Pierre-Alban Gutkin-Guinfolleau (Faculté de philosophie de l’Institut catholique de Paris) – « Kierkegaard dévisagé ? ».
– 18 novembre : Gérard Bensussan (Université de Strasbourg) – « Visage et dissymétrie de la relation interpersonnelle »
– 25 novembre : Magdalene Thomassen (Université d’Oslo) – « Le visage qui me libère ».
– 2 décembre : Vivian Liska (Universités d’Anvers et de Jérusalem) – « Kafka face à Dieu. Visualité et transcendance chez Levinas ».
– 9 décembre : Rodolphe Calin (Université de Montpellier) – « Parole et visage ».
– 16 décembre : Stefano Bancalari (Université de la Sapienza) – « La résistance du visage ».