La notion de contexte : quels enjeux pour l’interprétation et la traduction des textes littéraires ?
Organisé avec le soutien du CIERA dans le cadre des colloques junior, de Pays Germaniques – UMR 8547 Archives Husserl, du CREG (EA 4151), de l’Ecole Normale Supérieure (Paris), de la Maison Heinrich Heine (Paris) et de la Section d’allemand de l’Université Toulouse-Jean Jaurès.
Comité scientifique
- Mandana Covindassamy (ENS Paris)
- Marc Crépon (CNRS, ENS Paris)
- Judith Lyon-Caen (EHESS Paris)
- Denis Thouard (CNRS, Centre Marc Bloch)
- Dirk Weissmann (Université Toulouse-Jean Jaurès, ITEM)
Comité d’organisation
- Alexia Rosso (Université Toulouse-Jean Jaurès)
- Ginevra Martina Venier (UMR 8547-ENS Paris, CMB)
Date : 20 et 21 juin 2024
Lieu : Ecole Normale Supérieure, 45, rue d’Ulm, 75005 Paris (Amphithéâtre Évariste Galois)
Présentation
Selon une définition restreinte, le contexte ne dépasse pas le texte, mais entoure les unités qui le composent et éclaire leur signification. Une telle perspective entre en résonance avec l’approche développée dans les premières décennies du XXe siècle par les formalistes russes qui, à partir des avancées de la linguistique saussurienne, se donnent pour but de distinguer les lois de fonctionnement des textes littéraires (Jakobson, Propp). À partir des années 1960, les travaux de Tzvetan Todorov contribuent à assoir l’héritage formaliste en France. La critique de Roland Barthes contre l’histoire littéraire de Gustave Lanson en témoigne. L’auteur est déclaré mort (Barthes : 1969) et la lecture biographique d’une oeuvre est jugée résolument insuffisante pour lire et comprendre un texte : il s’agit alors d’y repérer les invariants structurels qui lui permettent de produire du sens. Pour des auteurs s’inspirant de la sociologie, tels que Lucien Goldmann et Itamar Even Zohar, la notion de contexte revêt toutefois une autre acception et renvoie à la réalité extralittéraire. Ainsi une nouvelle approche se construit-elle, pour laquelle l’en-dehors du texte joue lui aussi un rôle pour l’interprétation des textes littéraires et la traduction. Au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, cette notion fait également l’objet d’un débat chez les philosophes. Elle est problématisée, entre autres, dans les réflexions sur l’historicité de l’oeuvre et de la compréhension qui se situent au coeur de l’herméneutique de Hans-Georg Gadamer. C’est en partie en opposition à une telle approche que Jacques Derrida met en doute la pertinence même de cette notion en développant l’idée d’une textualité généralisée. Avec l’établissement des études de genre et des études post-coloniales depuis la fin du XXe, le contexte de création devient un élément central dans la réflexion sur les enjeux spécifiques des oeuvres, et permet de les étudier au prisme des dynamiques culturelles et politiques complexes indissociables de leur création et leur réception (Saïd, Spivak, Venuti, Butler). Ces différentes conceptions et usages de la notion de contexte, loin d’avoir été énumérées de manière exhaustive, nous donnent une idée des exigences auxquelles répondent les différentes approches qui prennent pour objet le texte littéraire, ainsi que des diverses modalités selon lesquelles cette notion est prise en compte dans les processus de réception des textes et de leur transmission. Elles soulignent l’actualité de cette problématique, tout particulièrement au vu de l’interdisciplinarité croissante pratiquée dans la recherche universitaire en sciences humaines et sociales. C’est à une réflexion autour de ces questions que ce colloque convie des jeunes chercheurs et chercheuses issus des études littéraires, de la philosophie, de la traductologie, tout comme de la sociologie et de l’histoire.