Organisation : Aurélien Fossey (ED 540/Pays Germaniques), François-Xavier Soutet (Université de Bordeaux)
Ce séminaire doctoral reprendra la question que Nietzsche s’adressait à lui-même : « qu’est-ce qui est dionysiaque (was ist dionysich) ? » Dans La Naissance de la tragédie (1872) et ses écrits préparatoires, Dionysos est présenté comme une pulsion créatrice musicale au côté d’Apollon, pulsion créatrice picturale. Pensé comme partenaire et adversaire d’Apollon, Dionysos est aussi désigné comme le lieu du combat avec Apollon, analogue à la scène tragique sur laquelle s’avancent les figures apolliniennes. Ainsi, dès la Naissance, il semble que Dionysos ne soit ni une figure, ni un concept, mais plutôt un lieu – celui d’un « problème », suggère Nietzsche dans son Essai d’auto-critique (1886) placé en préface de la réédition de la Naissance. Mais de quelle nature est-ce problème ? Serait-ce le problème axiologique de la « transvaluation de toutes les valeurs » ? Dans l’Essai de 1886, Dionysos n’est plus l’adversaire d’Apollon mais celui du « Christ », et à nouveau il est le lieu de ce combat axiologique. Or, le projet nietzschéen d’une transvaluation ou réévaluation (Umwertung) de toutes les valeurs ne se pense pas à partir d’une transcendance, mais à partir de la vie elle-même, pour autant qu’elle est « volonté de puissance ». Dionysos serait-il dès lors aussi le nom d’un problème ontologique, celui d’un être qui ne peut exister qu’en excédant les bornes de ce qui est ? En effet, de la Naissance au Crépuscule des idoles (1888), Dionysos semble renvoyer à un être équivoque, un être de la pluralité qui déborde l’individualité (chœur et orgie) ; il est un pur excès, une surabondance de forces et de souffrances. Si ces souffrances reçoivent encore un sens et une justification esthétiques en 1872, elles la perdent en 1886, lorsque Nietzsche revient au « dionysiaque ». Dionysos serait donc aussi le nom d’un problème existentiel, celui de la vie qui souffre du problème de son sens – et qui ne peut chercher qu’en elle-même, dans sa propre immanence, les moyens de l’affronter.
Chaque séance du séminaire sera consacrée à des textes précis de Nietzsche, sélectionnés dans le corpus par les chercheurs et chercheuses qui interviendront. Cette pré-sélection de textes permettra d’orienter la discussion à la suite des interventions. Le séminaire est ouvert à toutes celles et ceux qui s’intéressent à la philosophie nietzschéenne, spécialistes ou non.
Séances
Un vendredi sur deux (sauf en mai), de 16h à 17h30 à partir de février, Salle Beckett
Dates et noms des intervenant.e.s :
6 février : Carlotta Santini (ENS/CNRS – Pays Germaniques)
20 février : à déterminer
6 mars : à déterminer
20 mars : Yannick Souladié (CNRS – ITEM)
3 avril : à déterminer
17 avril : Christian Fradelezi (Université de Reims)
7 mai : Anthony K. Jensen (Providence College, USA)
15 mai : Christian Benne (Université de Copenhague)
22 mai : Patrice Maniglier (Université de Nanterre)
