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Carlos LOBO

Affiliation : CPGE (Toulon)

Équipe : Archives Husserl

Champs de recherche : Phénoménologie. Philosophie des sciences. Philosophie de la logique. Histoire de la philosophie.

Présentation de la recherche

Mes recherches m’ont engagé dans une reprise et un renouvellement du projet husserlien de critique de la raison pure, comme raison à l’œuvre, une critique qui ne peut donc faire l’économie de l’opératoire et du sujet à l’œuvre, aux racines de l’historicité des sciences. Cela suppose qu’une logique formelle qui ne renonce pas à rendre compte de la science doit prendre en charge cette dimension synthétique, qui, avec son contenu, est exposée par essence aux péripéties modales du sens. Or tel est le projet de réforme de la logique porté par les tenants de l’école brentanienne, et Husserl en particulier.

Cela m’a conduit à l’idée de phénoménologie de l’analogie, telle qu’elle fonctionne au sein des sciences formelles, en particulier en mathématiques. Comme on le sait, l’analogie joue un rôle privilégié dans la recherche dans les sciences de la nature, désormais largement reconnu. De fait, un courant important de la philosophie des sciences, placé sous le patronage de Kant, insiste sur le rôle extrinsèque de l’analogie par rapport au développement de la pensée mathématique. Que ce soit en physique ou dans l’interaction entre physique et mathématique, l’analogie est définie comme une « similitude porteuse de sens entre des éléments, souvent par-delà les dissemblances matérielles » qui n’a d’autres fonction que de guider « le choix des faits » (Poincaré) « susceptible, s’il est fécond, de révéler des parentés insoupçonnées entre d’autres faits ». Poincaré semble aller en ce sens en déclarant que « l’analogie n’a qu’un rôle métathéorique, qualifiant et généralisant une propriété des objets du raisonnement, révélée par celui-ci, plutôt que désignant un aspect de ce dernier ». Ce projet de recherche part de l’hypothèse d’une fonction dynamique interne de l’analogie dans le développement de la pensée mathématique. Il prend appui pour ce faire sur une investigation déjà conduite à partir des travaux de Rota qui se placent eux-mêmes à la croisée de l’algèbre, de la logique, de la physique mathématique et de la phénoménologie. Cette incursion m’a permis de donner corps à l’idée de la logique pure comme théorie de la science, et à l’idée d’une réforme de la logique débouchant sur une logique qui soit à la fois formelle et conceptuelle, proposant une algébrisation sans renoncer pour autant à rendre compte de l’activité synthétique de la connaissance. Une situation comparable s’observe en ce qui regarde la théorie des topos de Grothendieck, qui opère une transformation en profondeur du champ des mathématiques et permet, comme le montrent les approches convergentes sur ce point de Caramello, Zalamea et Alain Connes, etc.
d’établir la nécessité d’une épistémologie qui tienne compte de la dimension synthétique des mathématiques. Le topos est, d’après Grothendieck lui-même, le lit ou la rivière profonde où viennent s’épouser la géométrie et l’algèbre, la topologie et l’arithmétique, la logique mathématique et la théorie des catégories, le monde du continu et celui de structures discontinues ou discrètes. Parce qu’elle est opératoire, cette montée à la généralité ne s’évapore pas dans l’univers éthérée des généralités « formelles » (analytiques), mais correspond à une véritable « essence commune », ou en termes husserlien, à un eidos permettant d’opérer des transferts d’un domaine en un autre apparemment éloigné. Il est intéressant de répertorier les usages ou mésusages auxquels ont donné lieu les « topos » de Grothendieck, qui n’est, il est vrai, qu’un outil dans la multitude de ceux que fournissent les mathématiques modernes.

Mots clé : Phénoménologie transcendantale, épistémologie phénoménologique. Philosophie des sciences

 

Choix de publications

LIVRES :

H. Weyl, Philosophie des Mathématiques et des sciences de la nature, Préface co-écrite avec Françoise Balibar, MétisPresse, Genève, 2018, 420 p.

Weyl and the Problem of Space, From Science to Philosophy, Co-dir. avec Julien Bernard, Coll.: Studies in History and Philosophy of Science, Springer, Berlin- Dordrecht, 2019

When Form Becomes Substance, Power of Gestures, Diagrammatic Intuition and Phenomenology of Space. Editor Luciano Boi & Carlos Lobo, Birkhäuser/Springer; 2022.

Geometry and Phenomenolgy of the Living, in Theory of Biosciences, Codirection C Lobo & Luciano Boi, Special Issue, June, Number 142, 2022.

Contemporanéités épistémologiques de la phénoménologie, Spartacus/IDH, 2024.

 

Chapitres :

« A receeding parallelism: Husserl and Pierce from the perspective of logic of probability », Husserl and Peirce, Editors Mohammad Shafiei (U. Téhéran) and Prof. Pietarinen (U. Helsinki), Logic, Epistemology and the Unity of Science, Springer, 2019

« Du pur fondement phénoménologique des mathématiques », in Phénoménologie et fondation des sciences, Editors Dominique Pradelle and Julien Farges, Hermann, Paris, 2019.

« Husserl’s logic of probability. An Attempt to Introduce in Philosophy the Concept of ‘Intensive’ Possibility », After Husserl : Phenomenological Foundations of Mathematics, META, Research in Hermeneutics, Phenomenology, and Practical Philosophy

« Bios, morphè et épochè Le problème de la morphogenèse au croisement de la phénoménologie transcendantale et de la théorie des catastrophes », 2021, Biomorphisme; approches sensibles et conceptuelles des formes du vivant (Dir. Julien Bernard, Sylvie Pic et David Romand), Éditions Naima, Pages 306-381.

« Individual existence. A Phenomenological and Logical Clarification », The Existential Husserl (Dir. Marco Cavallaro & George Heffernan), Springer, 2022, pp. 115-143.