Brian FAVRE
Affiliation : ENS et Université de Lausanne (Unil)
Équipe : Archives Husserl – sous la codirection de Florence Burgat (ED 540) et Alain Papaux (Unil)
Champs de recherche : Philosophie et théorie du droit, philosophie de l’animal et de l’environnement
Présentation de la recherche
Mes recherches de philosophie du droit se veulent à la fois pragmatiques et spéculatives. De lege lata, le droit positif (au sens du droit actuellement posé) fonctionne comme point de départ ; de lege ferenda, le droit positif (au sens d’un droit non pas virtuellement, mais potentiellement applicable) demeure à l’horizon. Entre les deux : la philosophie (du droit) comme ouvroir de potentialités, outil critique et rappel de la rémanence des concepts. Quant à la méthode, celle-ci s’articule autour de deux axes principaux : philosophie du droit et généalogie philosophique d’une part, épistémologie juridique et analyse dogmatique d’autre part.
Dans ma thèse, le premier axe a pour objet thématique une généalogie du concept central de la modernité juridique occidentale, soit ce que la doctrine francophone et germanophone nommait encore il y a peu la subjectivité juridique ou rechtssubjektivität, c’est-à-dire le fait pour une entité d’être considérée par l’ordre juridique comme étant non seulement le porteur, mais le détenteur de droits et d’obligations, en somme d’être un agent du droit. Une telle reformulation du problème du sujet et de ses droits conduit à un redéploiement du concept de sujet de droit le long d’une généalogie de la subjecti(vi)té (juridique). Dit brièvement et dans les termes clés de l’archéologie du sujet, ce parcours me conduit de la persona comme hupokeimenon (subjectité juridique) à la personne comme hupostasis
(subjectivité juridique).
Le deuxième axe a pour objet le droit animalier comme lieu privilégié où s’articulent en droit contemporain les questions relatives à la subjecti(vi)té juridique. Pour certains auteurs, les évolutions récentes du droit animalier
(développement du droit objectif de la protection animale, déréification, constitutionnalisation de la matière) rendent inévitable à terme l’application du subjectivisme juridique à certains animaux. Une telle assertion – tantôt reçue avec mépris par les praticiens, tantôt reçue avec dévotion par les militants – mérite d’être dépliée afin d’en faire ressortir les présupposés. À cet égard, le cas suisse est paradigmatique de cette (r)évolution juridique en cours. Je l’étudie donc de façon tant dogmatique (comment le droit animalier positif s’explique-t-il à lui-même ?) qu’épistémologique (comment les outils que le droit animalier se choisit forment-ils des structures de pensée qui, dans leurs postulats, informent le type vérité que celui-ci peut apporter ?).
Ma recherche se poursuit sur le terrain du type d’analyse juridique mieux à même de donner droit aux subjectités juridiques animales, l’herméneutique juridique devant à mon avis se faire biosémiotique.
Mots clé : Nouveaux sujet de droits ; personne juridique ; protection des animaux ; zoopolis ; biosémiotique
Choix de publications
-
B. Favre, « La dignité de la créature au miroir de l’animal. Droit fondamental ou principe général ? » in La pensée écologique (2022) 2, 9.
-
B. Favre, « Les droits subjectifs fondamentaux des primates respectent le sens et l’esprit du droit suisse – Commentaire de l’ATF 147 I 183 » in Droit de l’environnement dans la pratique (2021) 6.
-
Désobéir pour la terre. Défense de l’état de nécessité, D. Bourg, C. Demay, B. Favre (dir.), Puf, Paris, 2021.
-
C. Demay et B. Favre, « De l’état de nécessité à la désobéissance civile environnementale. Plaidoyer pour une réhabilitation macropolitique du droit » in Désobéir pour la terre. Défense de l’état de nécessité, D. Bourg, C. Demay, B. Favre (dir.), Puf, Paris, 2021.
-
B. Favre, “Is There a Need for a New, an Ecological Understanding of Legal Animal Rights?” in Journal of Human
Rights and the Environment (septembre 2020).