Cet axe met en jeu des recherches situées à la croisée entre phénoménologie, psychologie, psychiatrie, psychanalyse et pratiques cliniques. Elle engage les chercheurs suivants : Dorothée Legrand (psychanalyse, psychiatrie, psychopathologie clinique), Emmanuel de Saint Aubert (phénoménologie et psychopathologie), Michel Bitbol et Natalie Depraz (micro-phénoménologie, sciences cognitives), Florence Burgat (psychologie et psychiatrie animales).
Le travail de Dorothée Legrand se centre sur l’investigation de la subjectivité en tant que corps parlant, du double point de vue des phénoménologie et ‘post’-phénoménologie françaises (Merleau-Ponty, Derrida, Levinas) et de la psychanalyse (Freud et Lacan). Thématiquement, elle aura particulièrement ciblé l’épreuve de l’absence et ses impacts sur la subjectivité – notamment telle qu’elle se concrétise dans l’anorexie et la mélancolie, d’une part, et dans l’exil, d’autre part. Composant un jeu subtil de présence et d’absence, le langage est pensé comme réponse à ces épreuves. Ces travaux font l’objet d’un séminaire mensuel (voir https://sites.google.com/site/dorotheelegrand).
La recherche d’Emmanuel de Saint Aubert, à partir et au-delà de Merleau-Ponty, admet pour axe principal l’élaboration d’une phénoménologie de la portance. En continuité avec la double accentuation, anthropologique et ontologique, qui marquait son diptyque Être et chair (Vrin, 2013 et 2021), ce travail s’inscrit aussi dans un dialogue de longue date avec divers champs cliniques. Un dialogue en partie critique, qui fait émerger la nécessité d’une nouvelle phénoménologie existentielle, à l’écart des dérives subjectivistes de l’éthique comme des réductions psychologisantes de l’affectivité.
Dans le sillage de ses recherches sur la psychologie et la psychiatrie animales, Florence Burgat a présenté la question de la pulsion chez Freud et chez Lorenz, celle des fondements de la psychiatrie comparée chez Henri Ey et Albert Demaret, celle de l’attachement chez John Bowlby et celle du « cramponnement » chez Imre Hermann dans un séminaire du laboratoire animé par Jean-Claude Monod, Christian Sommer et elle-même (« Philosophie et anthropologie après 1945 – France, Allemagne »). Elle vient de publier, avec Mathieu Frèrejouan, Les pathologies de la liberté. La pensée de Henri Ey (2024, Hermann, coll. « phénoménologie clinique »).
La recherche de Natalie Depraz poursuit sa confrontation entre sciences cognitives et phénoménologie husserlienne, prenant appui sur le paradigme épistémologique élaboré par Francisco Varela sous le nom de « neuro-phénoménologie » (1996). La convergence des travaux de Natalie Depraz et Michel Bitbol s’est concrétisée dans la recherche d’une documentation historique et méthodologique de la « micro-phénoménologie », en collaboration avec Claire Petitmengin. Par micro-phénoménologie, on entend l’explicitation en première personne d’expériences situées et la description affinée de ces vécus singuliers.