Accueil » Le cœur battant de l’ego. Husserl et la phénoménologie des émotions
Natalie Depraz, Le cœur battant de l’ego. Husserl et la phénoménologie des émotions. À paraître
Objet d’un intérêt évident dans les sciences humaines et expérimentales, les émotions sont perçues comme résiduelles chez Husserl. Le dernier rationaliste du XX e siècle ne les aurait traitées que via les actes axiologiques ou en les soumettant aux actes intellectuels.
Je montre ici comment les sentiments, en majeur le plaisir, et leur centre le cœur furent pour lui un compagnonnage constant. Traduire Gemüt par cœur, c’est dire que l’émotion n’est pas supplément d’âme mais corps viscéral. C’est là qu’il y aura débat avec Lipps, Geiger et Scheler.
La phénoménologie expérimentale expérientielle des rythmes et des humeurs est portée par tant de situations et d’exemples, moins illustratifs qu’ouvreurs de conceptualisations. Des ramifications micro-conceptuelles infinies y nomment des aspects inédits de nos variabilités émotionnelles : on découvre une proto-micro-phénoménologie.
De cette matière affective subtile, diffusive et ambivalente naît le concept qui axe la lecture de ces textes, l’antinomie. Elle est la tension créatrice de nouvelles émotions : Freudenschmerz, la joie douloureuse, Schauer der Seligkeit, le frisson de la félicité.
