Généalogie des concepts husserliens à travers l’histoire de la philosophie
Organisation : Andrea Ariotto, Baris Dirican et Davide Pilotto
Dates : 29 mars 2024, 26 avril 2024, 24 mai 2024 et 31 mai 2024
Lieu : École normale supérieure (voir ci-dessous)
Présentation du séminaire
Le rapport de la phénoménologie à l’histoire de la philosophie constitue un aspect persistant de l’œuvre d’Edmund Husserl. Ce rapport n’est pas exempte de difficultés conceptuelles, qui découlent de la manière dont la méthode phénoménologique se situe par rapport à la tradition philosophique : si l’exigence radicale d’un retour aux choses mêmes impose à Husserl la nécessité de détacher son langage philosophique d’une certaine tradition considérée trop naïve, face à laquelle la phénoménologie veut se proposer comme une forme de renouvellement, en même temps la terminologie de Husserl semble être imprégnée de concepts hérités de l’histoire de la philosophie. Eu égard à la généalogie des concepts qu’il utilise, Husserl adopte deux attitudes différentes : d’un côté, il revendique l’héritage dans le sillage duquel il se situe (par ex. monade, cogito, eidos), ce qui nécessite de problématiser cette évidence et d’identifier les déplacements qu’il opère ou les glissements qui en résultent ; de l’autre, lorsque le rattachement historique de certains concepts n’est pas explicite (par ex. identité, Erlebnis), il nous revient d’en élucider l’origine et les éventuelles métamorphoses. La prise en considération de l’enracinement de certaines notions fondamentales de la phénoménologie husserlienne dans l’histoire de la pensée et de leur rapport à la tradition métaphysique permet de mesurer l’ambition du projet de Husserl, qui voit la phénoménologie comme une critique de la raison. Le rapport de la phénoménologie aux concepts issus de l’histoire de la philosophie n’est donc pas anodin, mais représente une composante structurelle de la méthode phénoménologique qui exige d’être élucidée.
Au lieu d’insister sur la lecture husserlienne de l’histoire de la philosophie en général, ce séminaire vise à déployer cet héritage conceptuel selon quatre axes thématiques principaux :
- Les concepts issus de la métaphysique et de la philosophie ancienne et moderne, comme épochè, identité, monade, cogito, eidos, mathesis ou Logos.
- Les concepts issus du contexte philosophique autrichien et allemand de l’époque, comme Erlebnis, Sachverhalt, Leben ou la distinction entre Sinn et Bedeutung.
- Les concepts issus des sciences, comme Mannigfaltigkeit, variation ou apophantique.
- Les concepts issus d’autres disciplines, comme la compréhension de Dieu en tant qu’objet suprasensible.
Le but de l’édition 2023/2024 du Séminaire Husserl consiste précisément à nous amener à retravailler sur ces concepts, en retraçant leur généalogie et en les reliant à leur émergence dans l’histoire de la philosophie. Ce séminaire, qui aura lieu exclusivement en présentiel, se déroulera en neuf séances à partir d’octobre 2023.
Programme
29 mars 2024 (salle D421 – Maison de la Recherche, 28 rue Serpente)
14h00-15h30. Federico Mancini (Sorbonne Université/Université du Salento) : concept de monade.
15h30-17h00. Dominique Pradelle (Sorbonne Université/Archives Husserl de Paris) : concept d’eidos.
26 avril 2024 (salle Camille Marbo/U.205 – École normale supérieure, 29 rue d’Ulm, bâtiment Jaurès)
14h00-15h30. Natalie Depraz (Université Paris-Nanterre) : concept d’épochè.
15h30-17h00. Baris Dirican (École normale supérieure) : concept d’identité.
24 mai 2024 (salle D040 – Maison de la Recherche, 28 rue Serpente)
14h00-15h30. Massimo Ferrari (Université de Turin) : idée d’histoire de la philosophie chez Husserl.
15h30-17h00. Edouard Mehl (Université de Strasbourg) : concept de crise.
31 mai 2023 (salle Jean Cavaillès – École normale supérieure, 45 rue d’Ulm)
14h00-15h30. Julien Farges (CNRS/Archives Husserl de Paris) : concept de moment.
15h30-17h00. Aurélien Djian (Université de Lille) : concept d’horizon.